Confiscation des titres et restitution
Les successions complexes des vicomtes de Lautrec
Nous constatons aussi que la confiscation des biens pour cause d'hérésie n'était pas un vain mot à l'époque de la croisade contre les albigeois. En outre, par ces histoires assez compliquées de succession des vicomtes de Lautrec, nous faisons un petit tour historique de certains châteaux du Sud du Tarn. Rappelons que lorsqu'il est écrit aujourd'hui, il faut nous situer en 1730-1745.
Le roi ordonna au sénéchal le Queux, au mois de février de l'an 1234 (1235), « de conserver sous sa baillie, la terre de sa chère et féale la vicomtesse de Lautrec, dans le même état dans lequel le feu vicomte de Lautrec, son mari, la tenait du temps du feu évêque de Cahors, qui était mort en faisant droit. » Ce vicomte, dont le nom n'est pas marqué ici, est le même que Sicard VI, frère puîné de Bertrand I, avec lequel il posséda par indivis la vicomté de Lautrec, comme il paraît par d'autres lettres, suivant lesquelles Mathieu de Marly, chevalier, et Amauri de Montfort, certifient, au mois de janvier de l'an 1238 (1239), « que Sicard, vicomte de Lautrec, ayant perdu de droit toutes les terres qu'il possédait héréditairement, le roi Louis, de bonne mémoire, avait rendu à leur prière à Agnès, vicomtesse de Lautrec, femme dudit vicomte, leur cousine, et à ses héritiers, toutes ces terres, et lui avait donné de plus les châteaux de Sénégas et de Montredon, en échange des biens que Simon lui avait donnés en la mariant. » On doit inférer de ces actes et d'un autre qui nous apprend que Bertrand, vicomte de Lautrec, recouvra, en 1235, le château de Lautrec, et qu'il y amena sa femme un an après
- 1° Que Bertrand I et Sicard VI, vicomtes de Lautrec, perdirent par confiscation cette vicomté, et que le roi Louis VIII rendit, en 1226, la portion du second à Agnèys, sa femme.
- 2° Que Guillaume de Cardaillac, évêque de Cahors, travaillait quelque temps avant sa mort, arrivée en 1234, à restituer, par ordre du roi, la vicomté de Lautrec à ces deux frères.
- 3° Que Sicard VI, et aux enfants de ce dernier, qui fut inhumé aux Cordeliers de Lavaur.
Ces six frères possédèrent la moitié de la vicomté de Lautrec, que Pierre, Isarn, Bertrand et Amalric partagèrent avec le reste de leurs domaines, le 17 d'août 1255, Pierre eut le château de la Bruguière, Isarn celui de Montredon, Bertrand celui de Sénégas avec la bladade du Lautregois, et enfin Amalric le château d'Ambres. La justice et les hommages des chevaliers de la moitié de la vicomté restèrent par indivis à ces quatre frères, qui passèrent un compromis, le 17 de juin de l'an 1256, conjointement avec Bertrand I, vicomte de Lautrec, dit l'Ancien, leur oncle, au sujet des différends qu'ils avaient avec les chevaliers de Lautrec.
Après ce partage, Amalric, vicomte de Lautrec, fils de feu Sicard, vicomte de Lautrec, rendit hommage du château d'Ambres, situé alors dans le diocèse d'Albi, et aujourd'hui dans celui de Castres, le 17 de novembre de l'an 1256, à Philippe de Montfort l'Ancien, et à Philippe de Montfort le Jeune, son fils, seigneurs de Castres. Il déclara que Sicard, son père, avait tenu ce château du père de Philippe le Jeune, qui donna en même temps à Amalric le droit de confiscation pour l'hérésie dans les domaines qu'il venait de reconnaître, avec promesse de le protéger et de le défendre, comme les seigneurs devaient défendre leurs vavasseurs, leurs barons et leurs vassaux. Pierre, l'aîné des quatre frères, épousa Vacherie de Monteil-Adémar, et mourut sans enfants.
Par sa mort, Isarn, Bertrand et Amalric partagèrent entre eux en 1270, sa portion de la vicomté de Lautrec. Isarn laissa postérité, et de lui descendent par mâles les seigneurs de Montfa et de Saint-Germier qui subsistent encore.Quant aux deux autres, Bertrand et Amalric, ils laissèrent aussi postérité ; mais elle tomba enfin en quenouille, et par là une portion de la vicomté de Lautrec passa dans les maisons de Lévis, d'Arpajon, Voisins, etc.
